Resolutions

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Duo inséparable

Pour beaucoup de gens, il n’est pas évident de terminer des études postsecondaires. Pour d’autres, s’entraîner et participer à des compétitions dans le rude climat canadien est drôlement intimidant. Mais faire les deux en même temps? Les athlètes compétitifs Félix Burke et Quinn Moberg, de Victoria en Colombie‑Britannique, qui sont aussi colocataires, réussissent pourtant à mener ces deux ambitieux projets de front. Résultat : un mode de vie qui se divise également entre les études et l’entraînement nécessaire pour maintenir un classement enviable sur le circuit canadien de vélo XC.

Alors, qu’est-ce que ça prend pour se démarquer en compétition et décrocher un diplôme en économie ou en kinésiologie dans ses temps libres? Le travail d’équipe et la résilience. Ces deux riders de Rocky Mountain et de 7mesh savent bien que le succès, ce n’est pas uniquement la capacité pulmonaire ou la taille des quadriceps. C’est plutôt une question d’équilibre de vie. L’entraide y est pour beaucoup, ainsi que le fait de se culpabiliser mutuellement si on tombe dans les biscuits!

Entrevue avec Félix Burke

M. B. : Depuis combien de temps fais-tu des compétitions?
F. B. : J’en fais depuis ma première année d’école intermédiaire, alors ce sera ma sixième saison. Professionnellement, je crois que ce sera ma quatrième année.

M. B. : Peux-tu m’expliquer comment tu as grandi en partie en Colombie‑Britannique et en partie au Québec?
F. B. : Quand j’avais 13 ans, ma famille est partie de Mont-Tremblant, au Québec, pour s’installer à Whistler. Ma mère avait eu une offre d’emploi là-bas, et mes parents avaient envie de vivre cette aventure – comme ils viennent tous deux de l’Est du Canada, pour eux, Whistler représentait le paradis du plein air et du ski, qu’ils adorent. Nous avons donc déménagé à Whistler, où des amis que j’avais rencontrés en ski m’ont fait découvrir le vélo de montagne. Durant l’été, ils roulaient, et je les ai tout simplement suivis. J’ai tout de suite eu la piqûre, et la communauté du vélo m’a plu. J’ai commencé à participer aux courses locales avec mon père, et j’ai appris qu’un prix appelé le Lumpy Award existait. [NDLR : La Whistler Off Road Cycling Association décerne cette récompense au jeune de la collectivité incarnant le mieux les valeurs de l’association.] Je me suis alors mis à me concentrer là-dessus, et à vouloir m’améliorer. Je suppose que c’est à ce moment-là que j’ai commencé mon entraînement.

M. B. : Et pourquoi as-tu redéménagé au Québec finalement?
F. B. : L’année de mes 16 ans. Ma mère a eu une autre offre d’emploi à Mont‑Tremblant, et mes parents ont décidé de retourner au Québec pour plusieurs raisons. J’étais inquiet, parce que je croyais que tout le vélo de montagne digne de ce nom était en Colombie‑Britannique, mais en fait, la scène du XC est vraiment vivante dans l’Est du pays. Je me suis juste tourné vers le XC plus classique et j’ai commencé à travailler avec un entraîneur. Mes parents ont vu à quel point j’aimais ça. Eux aussi avaient été inquiets, car ils avaient peur de m’enlever une activité que j’adorais. Au fond de moi, je savais que je retournerais un jour dans l’Ouest.

M. B. : Après avoir vécu à Whistler, tes aptitudes en vélo devaient être développées en comparaison avec celles des riders de Mont-Tremblant?
F. B. : C’est certain. À mon retour, mes aptitudes étaient solides. En plus, quand on est jeune, on a tendance à pousser ses limites d’une façon unique; plus on vieillit, plus c’est difficile à faire. C’est tout simple : un ami fait un saut, et on se lance aussi sans trop y penser. Je crois que j’ai eu une grande chance d’apprendre si tôt, parce que je n’ai pas l’impression d’avoir vraiment eu à m’exercer. Mes aptitudes à vélo me viennent naturellement, et je pense que c’est parce ce que je roulais à Whistler quand j’étais tout jeune, m’élançant sur des ruptures de pente ou dans le vélo-parc. Ce sont des choses qui restent.

M. B. : Et quand Quinn [Moberg] et toi vous êtes-vous rencontrés?
F. B. : C’est une histoire un peu spéciale. Je savais déjà qui il était et je l’admirais. À la fin de l’été juste avant mon retour à Mont‑Tremblant, il y avait un camp de sélection pour l’équipe provinciale de Colombie‑Britannique, et même si je savais que je déménageais bientôt, j’avais voulu participer pour rencontrer l’entraîneur et me faire une idée de l’ambiance. J’ai connu Quinn dans une des nombreuses courses du camp, un contre-la-montre que j’avais vraiment aimé. Il m’avait alors invité à rester chez lui à Squamish, comme le camp était là et que moi, je vivais à Whistler. C’était la première fois que je lui parlais, mais je le respectais déjà et je le connaissais de réputation.

Ensuite, nous avons un peu gardé contact. Par exemple, nous échangions des courriels si l’un ou l’autre faisait une bonne course, et nous avons commencé à planifier des voyages ensemble. Quand j’ai décidé de revenir en Colombie‑Britannique pour étudier à l’Université de Victoria, je n’avais pas d’endroit où rester. Je lui ai envoyé un message, et il m’a dit de venir vivre chez lui. C’est à partir de là que nous sommes devenus de bons amis. Tout a vraiment bien fonctionné.

M. B. : L’université, ça occupe. Réussissez-vous à vous entraîner souvent ensemble malgré tout?
F. B. : Oui. Nous y arrivons assez régulièrement. Nos horaires de cours sont différents, et ça complique les choses. Si j’ai des cours le matin et pas Quinn, il s’entraîne seul, puis j’y vais l’après-midi, et vice-versa. Nous essayons quand même de nous entraîner ensemble le plus souvent possible la semaine, et nous faisons au moins une sortie ensemble presque toutes les fins de semaine. Bref, le plus souvent possible; je dirais environ deux fois par semaine.

M. B. : À quel point est-ce important d’avoir une personne proche avec qui s’entraîner?
F. B. : Énormément. Sur le vélo, oui, mais peut-être encore plus le reste du temps. Une part tellement grande de l’entraînement se joue entre les sorties de vélo, comme le travail de discipline nécessaire pour progresser. Quinn et moi, nous nous encourageons à rester motivés. Si je le vois manger quelque chose de mauvais pour la santé, je n’hésite pas à lui dire, et il me rend le même service. Nous sommes là pour nous épauler. Parfois, la motivation manque quand d’autres choses nous occupent. Je crois que c’est dans ces moments-là que nous sommes le plus chanceux d’être proches.

M. B. : Beaucoup de gens ont de la difficulté à gérer leurs études universitaires, et tu as une carrière d’athlète en plus. Comment établis-tu tes priorités?
F. B. : Je crois que la planification et la prévision jouent pour beaucoup. J’accorde autant d’importance à mes études et à ma carrière de cycliste. À l’automne, je privilégie peut-être un peu l’université, comme l’entraînement est relativement moins important à cette période de l’année, et que j’ai plus de cours à cette session. En revanche, c’est le vélo qui prend le dessus au printemps, alors je planifie mes travaux amplement d’avance pour pouvoir faire de plus longues sorties la fin de semaine. De cette manière, je n’ai jamais de mauvaises surprises sur le plan des études.

M. B. : Sens-tu que tu manques le côté festif de la vie universitaire?
F. B. : C’est vrai que notre vie d’étudiant n’est pas comme les autres, ce qui est parfois difficile. Certains de mes amis qui font la fête vivent des expériences que je ne partage pas, mais je ne sens pas nécessairement un manque côté social parce que je passe du temps avec mon ami Quinn, et que nous vivons la même aventure. C’est un peu comme travailler sur un projet commun.

M. B. : Que penses-tu du vélo à Victoria?
F. B. : J’aime vraiment rouler ici, les gros défis techniques ne manquent pas. Mais ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les montagnes… quand je grimpe jusqu’aux zones alpines. J’adore aussi faire des trucs très casse-cou, et c’est peut-être la seule chose qui me manque à Victoria. En revanche, le potentiel est énorme pour les sorties d’aventure. Près de Sooke, loin dans la forêt, on sent que la nature est réellement sauvage.

Victoria est l’endroit idéal pour s’entraîner : une belle communauté cycliste tissée serrée, de nombreuses compétitions et de beaux endroits où faire du vélo de route. En plus, il pleut beaucoup et souvent, ce qui crée des conditions difficiles en montagne, auxquelles il faut absolument s’habituer. Après, ces aptitudes sont précieuses, peu importe où la compétition a lieu. En Californie, les gens trouvent parfois qu’un parcours est difficile, alors qu’il fait beau soleil et que c’est une journée parfaite pour le vélo de montagne!

M. B. : Quinn et toi, vous êtes amis, mais crois-tu qu’un partenaire d’entraînement doit obligatoirement être aussi un ami?
F. B. : Personnellement, j’ai besoin de m’entraîner avec des amis. Je me suis déjà entraîné avec l’équipe nationale, où je roulais avec des cyclistes extrêmement talentueux et j’essayais d’apprendre le plus possible. Je trouve difficile d’être toujours dans un milieu compétitif, ce n’est pas un état d’esprit dans lequel je veux être constamment. Je préfère m’entraîner en compagnie d’une personne avec qui je peux passer du temps après. Ça devient une activité sociale. Surtout durant les sorties de fond, j’aime bien parler de tout et de rien, de ce qui se passe dans le monde, ou de relations interpersonnelles. Ça m’aide beaucoup à garder mon équilibre : avec la vie que je mène, je n’ai pas vraiment le temps de sortir et de faire d’autres activités, alors ma vie sociale se passe aussi sur le vélo.

M. B. : En quoi Quinn contribue-t-il à ton entraînement de vélo?
F. B. : Quinn est probablement le gars le plus intelligent que je connais. Il m’aide, et son approche m’aide elle aussi. Il a une perspective unique. Par exemple, quand il s’agit de planifier un voyage de vélo, Quinn analyse tout d’une manière que n’envisageraient pas d’autres coureurs. Il est également très bon en mécanique et il m’aide à régler mon équipement. Sur le vélo, Quinn est vraiment fort. Il ne se plaint pas et n’abandonne jamais. Je veux dire, dans les limites du raisonnable. S’il saigne ou quelque chose… [Rires] Sa résilience m’inspire. Si je me sens fatigué et qu’il continue de pousser, je ne me plaindrai pas non plus. Et nous passerons au travers. D’ailleurs, comme cyclistes, nos différents styles de conduite se complètent. En général, Quinn roule plus en puissance, et je dois parfois m’adapter. Pour ma part, je maintiens généralement une cadence soutenue, mais il est bon de se mettre au défi l’un l’autre en ayant des forces différentes sur le vélo et à l’entraînement.

Dès que j’ai fini l’école secondaire, je suis revenu dans l’Ouest. Maintenant, je vais à l’Université de Victoria et je roule pour Rocky Mountain. Plus jeune, à Whistler, je voyais les riders de Rocky Mountain et je les admirais. C’est comme un rêve qui se réalise. Même si je viens de l’Est du Canada et que les gens ne comprennent pas toujours pourquoi, la culture du vélo de la côte Ouest fait partie de mes racines, et rouler avec Rocky Mountain est un rêve devenu réalité.

Entrevue avec Quinn Moberg

M. B. : Te souviens-tu de ta première rencontre avec Félix?
Q. M. : Oui. C’était en 2012, je pense. Nous avions participé ensemble à un camp de vélo pour l’équipe provinciale de Colombie‑Britannique. C’était juste avant son déménagement au Québec. Il avait même dormi chez moi, mais nous n’étions pas encore des amis : c’était la première fois que je le rencontrais.

M. B. : Vous rouliez tous les deux déjà à un haut niveau?
Q. M. : Pour notre âge, oui, mais nous n’étions pas des prodiges non plus.

M. B. : Dirais-tu que vous êtes des durs du vélo?
Q. M. : Peut-être, oui, je crois que nous sommes de ce côté-là du spectre.

M. B. : Comme tu fais de la compétition XC dans le corridor Sea-to-Sky – où la culture est davantage au vélo all-mountain et freeride –, sens-tu une complicité immédiate quand tu rencontres d’autres cyclistes équipés pour le XC?
Q. M. : Je pense que oui. Quand je vivais à Squamish, Félix était davantage une connaissance qu’un ami. Nous nous sommes rapprochés depuis que nous vivons tous les deux à Victoria, mais ça faisait quelques années que nous nous connaissions, alors que j’étais ici et lui à Mont‑Tremblant. Il existe effectivement une communauté soudée de compétition XC dans la région Sea-to-Sky, l’île de Vancouver et la Sunshine Coast, mais aussi un style distinctif. Dans les compétitions partout au pays, le style de la côte Ouest est bien connu. Je crois qu’il vient justement de l’attitude décontractée propre au freeride, qui est tellement populaire ici. C’est l’esprit même du vélo de montagne, et il transparaît dans notre style en compétition.

M. B. : Raconte-moi un peu le changement que tu as vécu en déménageant de Squamish à Victoria.
Q. M. : J’en suis à ma troisième année [d’université]. Victoria est fantastique. Je ne dirais pas qu’un endroit ou l’autre est mieux, parce que j’aime aussi Squamish; les deux ont des avantages et des inconvénients. Le temps est plus clément à Victoria, mais pour le « vrai » vélo de montagne, c’est à Squamish que ça se passe. Victoria est parfaite pour l’entraînement : j’ai de bons partenaires, la forêt est magnifique et, pour rouler, le terrain est incroyable. À Squamish aussi, mais le paysage est différent. Ici, il y a des arbousiers Madrono, de la mousse, des roches et l’océan. Même si Squamish est une ville côtière, on ne roule pas au bord de l’eau chaque jour.

M. B. : À part le fait d’offrir du vélo à l’année, Victoria a-t-elle influencé ton style de conduite, peut-être en raison de sa communauté cycliste ou du style particulier qui la distingue?
Q. M. : Oui. C’est certain. Je me suis amélioré énormément, même si ça pourrait être dur à croire. Dans le corridor Sea-to-Sky, il y a évidemment des sections techniques, mais c’est souvent juste une question de témérité. Il suffit de trouver le courage de se lancer. À Victoria, il y a des obstacles du genre, mais assez peu. Les parcours sont très techniques aussi, et c’est une belle leçon d’humilité : on a peut-être moins besoin de prouver son courage, mais il faut aiguiser ses réflexes. La concentration est primordiale. La roche est beaucoup plus glissante, il y a plus de racines et les sentiers sont moins travaillés; sûrement parce qu’il y a moins de cyclistes. En somme, c’est vraiment plus technique à Victoria, et je crois que ça surprend les gens. Par contre, la sensation de pure montagne et les lignes épiques n’y sont pas. Le sentiment n’est peut-être pas aussi grandiose, mais c’est agréable de bien d’autres façons.

M. B. : En tant qu’athlète compétitif de XC, tu dois être capable de passer les sections techniques rapidement… les sentiers ne sont pas nécessairement casse-cou, mais les erreurs peuvent coûter beaucoup de temps.
Q. M. : Exactement. En vélo de montagne, à Victoria, si on ne donne pas tout ce qu’on a, ça paraît. Près de la maison de mes parents à Squamish, pour descendre la Rupert ou un autre sentier coté intermédiaire, la concentration n’est pas aussi essentielle. C’est pareil pour les montées. À Victoria, un cycliste doit être concentré, en forme et préparé à rouler en montagne, sinon il sera lent. Je pense que ce sont les choses les plus importantes que Victoria m’a apprises : la concentration et la technique.

M. B. : C’est fantastique que ce soit possible de rouler à l’année sur l’île de Vancouver, mais en revanche, le climat est parfois extrêmement rude et pluvieux. Quel est l’effet d’environ quatre ou cinq mois dans des conditions mouillées à l’entraînement?
Q. M. : Ça endurcit, c’est sûr. On peut faire du vélo toute l’année, mais c’est parfois sous la pluie, à 5 °C. Ce n’est pas une raison de ne pas sortir pédaler, mais ça travaille l’endurance, sans aucun doute. Je le vois comme un avantage. Le fait de passer par là… Je n’utiliserai pas le mot « misérable », j’essaie de l’éviter. Mais c’est difficile, même très difficile à faire.

M. B. : Qu’en est-il de l’équipement? Penses-tu qu’une entreprise – ou du moins son équipe de recherche et développement – doit absolument se trouver sur la côte Ouest pour concevoir un produit adapté aux conditions mouillées?
Q. M. : C’est certainement un avantage, et j’en suis conscient. Félix et moi, nous nous entraînons beaucoup ensemble, et nous discutons de nos idées, mais nous pouvons aussi compter sur des professionnels de l’équipe ici même, à Victoria. Nous roulons tous les deux avec le même équipement. Nous sommes tellement chanceux; tout est mis en œuvre pour que nous soyons vraiment à notre aise. Nos vélos sont conçus expressément pour les conditions locales. Notre équipement est optimal, jusqu’aux pièces de nos vélos.

M. B. : Surtout quand on parle de compétition XC, chaque avantage compte. Même les petits détails peuvent aider.
Q. M. : Oui. L’objectif est d’être le plus à l’aise possible. C’est incroyable, vraiment toute une chance.

M. B. : Quelle est la différence entre rouler seul et rouler avec Félix?
Q. M. : Félix me donne une petite dose de motivation supplémentaire. Je ne sais pas trop comment le dire. C’est une forme de compétition dans le sens où nous nous poussons à nous dépasser l’un l’autre. Il me porte à donner le meilleur de moi-même, ou presque, dans plusieurs aspects de ma vie. Mais ce n’est pas une compétition dans le sens où je voudrais être meilleur que lui. Je veux qu’il atteigne son plein potentiel, et si ça signifie d’être meilleur que moi, c’est parfait. Mais il me motive, et pas seulement à l’entraînement. Le fait d’avoir une autre personne qui s’entraîne et étudie comme moi me responsabilise. Autrement, ce serait très facile de négliger mes travaux d’école.

M. B. : En vélo de montagne, il y a beaucoup d’équipes, mais travaillent-elles souvent vraiment ensemble? Je sais que c’est beaucoup plus courant dans l’univers du vélo de route, mais j’ai l’impression que Félix et toi, vous avez une relation traditionnelle, où vous vous motivez, vous entraînez et vivez ensemble. Ça devient presque holistique.
Q. M. : Absolument. Je crois que c’est assez unique. J’ai été dans l’équipe de Rocky Mountain et dans d’autres équipes plus petites auparavant, mais je n’ai jamais vu mes coéquipiers comme des gens avec qui je travaillais. Nous avions seulement le même commanditaire. En plus, si le commanditaire de Félix était différent, je crois que nous travaillerions ensemble quand même. Le fait d’être dans la même équipe rend notre collaboration encore plus exceptionnelle.

M. B. : Les études universitaires me semblent assez exigeantes à elles seules, mais tu étudies presque à temps plein en plus de faire du vélo à un niveau compétitif. Penses-tu que d’autres aspects de ta vie en souffrent un peu?
Q. M. : Merci, mais je dois dire que oui. Je fais un gros sacrifice, c’est certain. Les gens parlent de leurs années d’université comme d’une expérience… et je ne sais pas trop si je passe à côté. Je ne veux pas dire que ma vie est désagréable, mais je ne fais pas souvent la fête, même presque jamais. Je ne participe pas aux conversations avec mes collègues entre les cours. J’essaie de gérer mon horaire le plus efficacement possible, et ça me coûte les moments libres que je pourrais passer avec les autres. Ce qui compte le plus est de savoir organiser mon emploi du temps, de bien canaliser mon énergie et de respecter mes plans ensuite. Il faut persévérer. Je précise que je ne suis déçu de rien. Si je voulais faire autre chose, je le ferais. Je suis ici parce que c’est ce que je veux.

M. B. : J’ai demandé à Félix ce que tu lui as montré. Et lui, que t’a-t-il appris?
Q. M. : Quelques trucs sur le vélo : il est vraiment talentueux. Je crois d’ailleurs que les gens sous-estiment ses aptitudes. Oui, je dirais surtout le maniement du vélo… et simplement le fait de suivre son rythme dans les sentiers. Il me pousse à me dépasser, parce qu’il est un rider remarquable. Il m’aide aussi à mener une vie équilibrée. Il m’arrive de m’en faire à propos du vélo, des études ou d’autre chose, et je crois que Félix m’aide à rester bien dans ma peau.

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