Chaque histoire doit commencer quelque part. C’est en 1994 que débute celle derrière la réputation internationale de la ville de Fruita, au Colorado, comme destination de choix pour le vélo de montagne, dans nulle autre que la maison du Whopper : un Burger King.
C’est dans ce restaurant que Troy Rarick discute avec John Olden (alors représentant pour Rocky Mountain, maintenant devenu son gestionnaire des ventes). Troy lance l’idée d’ouvrir un magasin de vélo à Fruita : Over The Edge. Personne ne peut reprocher à John d’avoir des réserves : Fruita vit des moments difficiles. Si difficiles, en fait, que la ville a récemment déclaré faillite. Mais Troy a une vision, et un plan qui se résume à bien plus qu’un magasin de vélo. Du coup, John est partant.
« Nous avons acheté un bâtiment sur un coin de rue en ville pour 26 000 $, puis nous nous sommes mis à la rénovation, raconte Troy. En même temps, nous nous rendions au nord de Fruita pour battre des sentiers. Nous étions certains que les gens allaient venir. Nous avons commencé à aménager les sentiers avant même d’avoir une caisse enregistreuse. »
Dans la vision de Troy, Over The Edge serait bien plus qu’un magasin : ce serait une communauté
« Voilà ce qui définit Over The Edge. Nous avons tracé des sentiers, organisé le festival [Fruita Fat Tire], écrit un guide et dessiné une carte. Nous avons porté le projet, du début à la fin. »
Dans ses débuts, l’équipe d’Over The Edge comptait également George Gatseos, encore au secondaire en 1995. L’une de ses premières tâches a été de peindre l’enseigne originale du magasin. Depuis 2010, George est à la tête de la succursale d’Over The Edge de Fruita et de l’emblématique festival Fruita Fat Tire, qui célébrera bientôt son 25e anniversaire.
Comme le tourisme et le bouche-à-oreille sont un moteur tellement important de croissance (pour Over The Edge et pour Fruita dans son ensemble), il était essentiel de se procurer un solide parc de vélos de location dès le départ. Et la demande a augmenté à mesure que les riders en visite se sont multipliés, ce qui n’est toutefois pas sans problèmes. « J’ai constaté le taux d’usure de notre première flotte de vélos [non Rocky Mountain] et tous les efforts que devait faire le personnel pour la garder en bon état, rapporte Troy. Je me suis donc tourné vers Rocky; l’entreprise produit des vélos durables et nous a toujours épaulés. Et pendant tout le processus, John Olden a agi comme un mentor et un véritable ami. »
Avant la pandémie, on pouvait voir des visiteurs de partout, de la Californie à la Nouvelle-Zélande en passant par l’Europe. Du matin au soir, des vélos Instinct et Altitude sont poussés à fond sur les désormais célèbres sentiers par des riders impatients de goûter à ce qui fait de Fruita une destination de choix depuis un quart de siècle.
Parmi les attraits reconnus dans le monde entier, on compte la diversité et l’ampleur des sentiers. « Wade Simmons lui-même pourrait venir ici et avoir du plaisir, et votre petit cousin de l’Ontario pourrait en avoir tout autant, affirme Troy. On voit vraiment toutes sortes de gens. » Tout le monde y trouve son compte, en fait.
Il y a d’autres destinations aussi célèbres que Fruita, mais il est rare que leur cœur d’une destination soit un seul magasin, comme pour Over The Edge. Ce phénomène peut s’expliquer d’une foule de façons, mais en discutant avec Troy et George, on sent que c’est surtout leur philosophie toute simple qui en est la cause : peu importe son âge ou son niveau, chaque visiteur devrait avoir la chance de rouler avec le sourire. Malgré la renommée internationale qui a éclipsé leurs débuts modestes, ils sont toujours reconnaissants pour chaque personne qui prend le temps de les visiter et d’explorer les sentiers – et on le ressent lorsqu’on franchit les portes d’Over The Edge.
« Nous étions tellement contents que qui que ce soit veuille bien venir, au début, confie George. Nous avons gardé la même mentalité. Même si les affaires ont beaucoup augmenté, nous sommes encore reconnaissants pour chaque rider qui nous visite. »
C’est bon, de former une communauté, mais ça peut parfois mener à la formation d’une clique qui exclut les non-initiés. Mais ce n’est absolument pas le cas avec Over The Edge, peut-être en raison de ses débuts modestes, ou grâce à la diversité de ses sentiers, ou encore simplement parce que le tout est né de bonnes personnes passionnées de vélo. Peu importe la raison, des amateurs de partout dans le monde remercient les hamburgers et les frites tièdes qui ont contribué à la création d’Over The Edge. Espérons qu’il y aura toujours des Whopper, des riders et du bon temps à Fruita!